Nos Activités

RUE CARSALADE DU PONT

RUE CARSALADE DU PONT

 

Lors du dernier Conseil municipal, il a été décidé de donner le nom de Carsalade du Pont à la nouvelle rue rejoignant l’allée du Pla des Oliviers depuis une cité en construction au lieu-dit LOS PLAS.

C’est une heureuse initiative que nous saluons car elle relie et attache une extension du village au XXIème siècle à toute notre histoire. En effet le territoire de Marquixanes est, depuis  plus de mille ans intimement lié aux deux abbayes de Saint Michel de Cuxa et plus encore à celle de Saint Martin du Canigou restaurée par Monseigneur de Carsalade du Pont à partir de 1902.

L’histoire commence en effet dès 745 où des terres de Marquixanes ont été données au monastère de Saint André des Graus, celui-là même qui fût entièrement détruit par une inondation de la Têt au lieu dit « Exalada » près de Thuès. Beaucoup de courage était nécessaire pour créer à cette époque un monastère, sans encore la protection du royaume Franc, dans la Septimanie visigotique où les poussées arabes s’étendaient dans tous le midi de la France, Poitiers, Narbonne, Arles, Avignon, Bézier, Nimes.

Sous l’impulsion de cinq survivants, ces propriétés se sont ajoutées aux nombreuses donations lors de la création de l’abbaye bénédictine de Saint Michel de Cuxa en 801 par décret royal de Charlemagne (Saint Germain comme premier titulaire). Presque deux siècles après cette implantation des moines en mission de conversion des Goths dans les territoires de la Marche d’Espagne, apparait une famille qui va marquer considérablement cette région du Roussillon.

cite en construction en décembre 2020, rue de Carsalade du Pont

Gausfred Ier quatorzième abbé de Saint Michel de Cuxa , est aussi l’arrière petit-fils de Wuifred surnommé le velu (Guifred le velu) ancien seigneur de Ria, marquis de Gothie, Comte de Barcelone et Gouverneur Souverain du Roussillon. L’arbre généalogique de cette célèbre famille sera  présent sur plusieurs générations de Barcelone à Narbonne. Avec son frère Guifred II , sixième comte de Cerdagne et de Conflent, ils entreprennent de fonder l’abbaye bénédictine de Saint Martin du Canigou à partir de 1007.  Guilfred II en obtiendra la concession en 1011.

Le célèbre Oliba quinzième abbé de saint Michel, n’est autre que le frère de Guifred II, il est aussi évêque d’Ausonne (Vich), et à ce titre en 1037 célébra à Toulouges un synode où furent confirmés les statuts pour la trêve de Dieu.

La mention de Marquixanes  apparaît de nouveau en  1007 lorsqu’il a été nécessaire de doter le  monastère de Saint Martin du Canigou des moyens d’existence en propre. En particulier, la donation par Miron et sa femme à l’abbaye de Canigo de deux pièces de terre et d’une vigne sises au lieu dit Cagolls et Coma sur le territoire de Marqueixanes.

Notre village restera dépendant de Saint Martin jusqu’en 1782, date de sa sécularisation. L’histoire de Marquixanes restera liée à ses abbés, tant sur son développement territorial limité (son territoire restera modeste en superficie), tant sur le cens ou divers impôts liés aux terres détenues en direct par l’abbaye. L’abbaye a été détentrice des reliques de Saint Gaudérique, que l’on faisait processionner jusqu’à la mer lors d’éprouvantes sécheresses ; il fallait aussi payer le service rendu !

Les vies de ces deux abbayes et le rayonnement de celle de Cuxa, si proches géographiquement, pendant ces huit siècles  ont marqué profondément la vie locale. Dans les moments difficiles, l’histoire nous apprend qu’elles se sont aidées, parfois administrées par un abbé commun et ont décliné aussi aux mêmes époques pour terminer en ruine ou quasi ruine avant la Révolution. Leurs destructions en a été encore plus rapides après au point où beaucoup de vestiges ont été dispersés dans le monde entier. De nombreuses pierres ont été retrouvées en réemploi dans une bonne partie du Département.

Au début du XXème siècle et devant une telle page d’histoire l’Evêque de Perpignan, Mgr de Carsalade du Pont entreprit une reconstruction de ce monastère en 1902. Sur la photo on le retrouve après trente ans de travaux à réceptionner une cloche pour le clocher de Saint Martin du Canigou.

Marquixanes lui rend donc un bel hommage, car aujourd’hui cet édifice magnifique est visitable.

MARQUIXANES Décembre 2020

découvrir l’abbaye saint martin du canigou

A propos de l'auteur

Jean-Mary Militon