LA CELLERA mot catalan
La cellera est le nom collectif utilisé dès le XIème siècle pour désigner le petit quartier qui entoure l’église paroissiale dans les villages roussillonnais
(d’après A. Catafau, Les Celleres et la naissance du village en Roussillon, ed. Trabucaire et les cahiers de Fanjeaux n° 40 Ed Privat).
Nous remercions Aymat CATAFAU pour nous permettre d’utiliser ces quelques extraits afin d’expliquer la richesse contenue dans la cellere de Marquixanes.
Le nom de notre association contribue aussi à une interrogation légitime.
LA CELLERA DE MARQUIXANES
Entrée de la cellera et vue sur la rue du fort.
La cellera est le nom collectif utilisé dès le XIème siècle pour désigner le petit quartier qui entoure l’église paroissiale dans les villages roussillonnais. Ce petit quartier est constitué du groupement des celliers, les dépôts des récoltes des paysans. Ces celliers ont été bâtis par les paysans sur le cimetière qui entoure l’église, afin de profiter de la protection sacrée dont il jouit. C’est ce caractère sacré qui a donné à ce regroupement des celliers le nom de sacraria, ou sagrera en catalan.
….La constitution de ces celleres suppose l’existence préalable du cimetière : la chronologie de la mise en place du cimetière carolingien nous est bien connue depuis les travaux…
Les celleres se forment au temps de l’établissement des châtellenies, lors de la mise en place, violente ou au moins contraignante, de la seigneurie banale et de ses exactions sur la paysannerie, c’est-à-dire dans la première moitié du XIème siècle, et les celleres se formalisent ( délimitation, séparation du cimetière entre l’espace des celliers et celui de l’inhumation, fortification de la cellera )au cours des XI –XIIème siècles .
….Pourtant un certain nombre de textes, certains antérieurs à la Paix et Trêve de Toulouges en 1027, d’autres contemporains ou juste postérieurs, indiquent clairement qu’un triple processus est en cours dans les décennies qui encadrent l’an 1000.
– il s’agit tout d’abord de l’attribution de plus en plus fréquente, d’un cimetière, souvent mesuré à trente pas de rayon, autour des églises…..
– A la même époque, on relève…la mention d’une ou plusieurs maisons…(déjà) bâties tout à coté de l’église. Enfin le concile Paix et Trêve de 1027établit une étroite relation entre l’église, l’espace de trente pas et les maisons situées dans ce cercle.
– Forts de cette protection, les paysans multiplient ces constructions sur le cimetière….
D’espaces spontanés et anarchiquement constitués, dans l’illégalité juridique et ecclésiastique, sans légitimité et sans nom, ces groupements de maisons reçoivent un statut et un nom…..la sagrera (le sacré ) et cellera.
….Ces témoignages de l’envahissement du cimetière et du bouleversement des sépultures viennent à mon sens conforter l’image d’un processus spontané et inorganisé….….C’est progressivement, au cours du XIème, que l’espace proprement cimitérial est séparé de l’espace bâti, et généralement relégué au sud ou à l’est de l’église…place actuelle.
LA CELLERA DE MARQUIXANES
…Cette longue permanence de la cellera, dans sa forme et ses fonctions, est bien illustrée par le cas de Marquixanes, où la continuité du dépôt des récoltes est avérée du Moyen Age jusqu’au XXème siècle.
La cellera de Marquixanes est attestée dès 1176, dans un texte exceptionnel ( d’après A CATAFAU )qui révèle que l’abbé de ST Martin du canigou, seigneur principal du village, y possède un cellier de plus grande taille que les autres : contraint de céder certains avantages au seigneur châtelain d’EUS…..l’abbé lui concède un mas, des droits sur les moulins et deux celliers dans la cellera, un de taille de tous les autres, l’autre de la taille de celui de l’abbaye.
…On peut lire dans les vestiges subsistant aujourd’hui les étapes successives de l’évolution de la cellera de Marquixanes. Le cimetière est très tôt concentré à l’est et au sud de l’église, espace libre de constructions qui est resté la place actuelle du village. Cette séparation des espaces d’inhumation et de stockage est forcément antérieure à la fortification ;
…..autorisation de fortifier par le roi Alphonse en 1172
Vue sur le premier rang de fortifications, visible de RN 116:
voir les fortifications ICI
Des XIV-XVème siècles, temps de la réactivation des défenses villageoises, date l’assommoir qui surmonte la porte de la cellera.
Au XVIIème siècle, l’église est transformée par l’adjonction de chapelles et d’un clocher, qui obstruent ce qui devait etre son entrée originelle à l’intérieur de la cellera et qui obligent à percer un nouvel accès vers la place du village en éventrant l’enceinte médiévale.
…..Du XIXème siècle, époque où se développent les cultures fourragères…
date la destruction des deux piédroits de la porte fortifiée, nécessaires à l’accès des charrettes.
….La destruction récente de la façade d’une de ces granges permet d’en reconnaitre l’aménagement intérieur :la largeur est celle d’une portée de poutre( environ 4 m, en catalan la monallata, longeur de la poutre, le monell )
APPEL POUR LE XXIème siècle :
….l’ardeur patrimoniale se traduit parfois par la destruction des constructions « médiocres » des centres villageois aux fins de mettre en valeur murailles ou église ; celle de la protection nécessaire et des aménagements possibles de ces témoins de la longue durée des relations entre l’église et le village que sont les cellerera… tout un programme !!!
[…] — VOIR DEFINITION D U […]
[…] Selon les hypothèses d’une première étape de croissance du village, autour d’une église primitive implantée sur un piton rocheux, plusieurs celliers auraient été construits, après l’an 1000, sur une zone d’inhumation large de 30 pas entourant l’église. voir A CATAFAU DEFINITION D’UNE CELLERE […]